L’Amour d’Amer

Au rivage du cœur, une barque échouée 
Est ballotée des vagues de la mer de sel ;
Pour l’amer d’amour je m’en suis fait naufragé.
Ma poitrine s’emplit des flots d’ambre et de miel
En passion qui soigne mes douleurs d’égaré.

Hélas, doux amer, dans tes tourments effroyables
Se perdent, muets, mes éloges amoureux.
La mer s’enrage et les flots me noient, moi l’affable
Moi qui pleure par goutte mes rêves poreux
Ainsi mon cœur poli en devient misérable.

De ces élans défendus j’abreuve mon être
Mais ces élans interdits m’ordonnent en maître.
Ni du feu ni du ciel ne s’oublient les lumières
Qui condamnent l’âme au malheur, et mon âme erre
Épuisée de hontes tues et d’amours amers.

Brisé sur les berges bleues de larmes, je meurs
Ici ou au loin, et où la mer m’abandonne,
Où déverse mon cœur d’eau et de sang ses pleurs.
Mon corps vaporeux drainé de passions félonnes
Sombre aux assombries, aux abysses des langueurs.

Viendra le ciel mauve en déferlante sur terre
Qui portera l’âme perdue d’un vagabond
Jusqu’à mes ruines d’amour, mes ruines amères
Que s’effraie son cœur de mes ouvertes lésions.

L’inconnu de mes plaies, arraché aux rivages
Rejoindra l’horizon des sinueux sillages,
D’un amour à la mer coulera en naufrage.

*Petite note : ici les mots passion, lésion et ruine n’ont pas la diérèse attendue, mais une synérèse. On ne lit donc pas « pa-ssi-on » mais « pa-ssion » (non pas « ru-ine » mais « ruine ») !