L’Érèbe

Le corps attiré par la terre et ses fracas
Plane sur mes pensées une ombre aux ailes blanches.
Ses plumes inspirent la mienne en des éclats
Qui s’évanouissent, se brisent sur les branches.

Que sont-ils, sinon de pâles échos du ciel ?


Et ils se taisent d’autant que mes pensées flânent
Aux indolentes humeurs des basses poussières.
À mes yeux et silences, toute âme se damne
D’une vaine poursuite du temps que l’on perd.

Sommes-nous saoulés d’éther qu’il devienne fiel ?


Que n’ai-je d’ailes pour m’arracher au sommeil
M’échapper des étreintes d’Hadès et d’Érèbe ?
Ces étendues désolées semblables aux Limbes
Sans toi, belle ange, ne sont qu’affres sans pareilles.

Je renierai tous les dieux sinon l’Éternel.


Mais je partirai un jour, un jour sans amour
Au doux Immaculé, devenu ton séjour.
Que mon visage noir de suie effraie les dives
Que s’embrasent pour toi mes passions naïves.

Brûlerai-je en Icare d’un mauvais duel ?


Je tomberai, car nul ne survit isolé
Aux divins cieux, où le Saint banni le mauvais.
Tu fermeras les yeux, moi je les ouvrirai
Loin du ciel, loin de toi, sur la terre, écrasé.

Ceux qui chutent, est-ce le Diable qui appelle ?


À l’aube levée, je m’éveille
Sans mes rêves et sans superbe :
Je n’ai que les mots, que le verbe.

Je ne suis ni dieu, ni saint, ni roi, mais poète.