La plaine de mon repos était sans fin L’herbe noire de nuit sous la pleine lune. La luciole, distraction enfin M’arrachait de mes fatigues importunes.
Elle volait en étoile sur l’obscur, Plus brillante que celles qui s’y trouvaient. Alors je tendais la main, pour l’attraper D’une cupidité ni saine, ni pure.
Elle s’échappait, fuyarde à l’horizon. Et mon ennui et bientôt ma déraison M’invitèrent à la suivre, ou la poursuivre Loin jusqu’à l’orée d’une forêt de cuivre.
Les feuilles comme des lames acérées Mordaient. Si on y touchait, on s’y blessait : Le corps d’abord, puis le cœur, l’esprit ensuite Pour rattraper la luciole en sa fuite.
Mais il me fallait sortir, et j’en sortis Dans un trou de verdure comme un berceau, Un vide cerné par le fer qui meurtrit. Je sentais que ce rien serait mon tombeau.
C’était un néant de vie, dont ces insectes Occupaient l’espace et consommaient le temps. Ils devenaient tout, en étant rien pourtant. Je broyais mes jours auprès de ces infectes.
Ce n’étaient des astres mais des feux follets Ces lucioles, je pouvais m’y brûler. Elles m’encerclaient, le vide m’enserrait : De lugubres lueurs j’étais prisonnier.
Malheurs, pourquoi m’étais-je laissé séduire ? Loin d’ici, tout était doux, tout était calme Mais ici, je ne pouvais que rêver fuir Les lucioles et ce rien et ces lames.
Tendez-moi la main, inconnus, sauvez-moi : Je ne peux me détourner de leurs éclats. Seul, c’est dans ce vide que je vais périr Car je n’ai envié de bon que le pire.
Sauvez-moi, inconnus, de ce sort mortel Et ramenez-moi au lieu de mon repos. Des lucioles, je tairai les appels Je le promets, je serai un homme nouveau !